'La fin d'un monde' 6

Un couple cogna contre la lourde porte de bois. Pendant un instant, la cathédrale cessa de respirer. Une petite femme ouvrit, méfiante.
_"Aidez-nous s'il vous plait !" hurla l'homme.
_"Vous êtes blessés ?"
_"Ma femme s'est fait mordre par un de ces monstres."
_"Quand ?"
_"Je... Je ne sais plus.."
_"Quand ?" insista son interlocutrice.
_"Il y a 5, 6 heures. Laissez-nous entrer !"
Le silence s'installa entre eux, la vieille femme barrant de sa frêle carrure l'entrée du lieu.
_"S'il vous plait..." suppliât-il.
La femme réfléchit, soupira et appela un homme.
_"Veillez a ce qu'elle ne vous blesse pas et amenez-la à monsieur le prêtre."
L'homme en question acquiesça presque militairement, pris la femme inconsciente dans ses bras et s'en alla.
_"Suivez-moi." ordonna-t-elle au survivant.
Elle prit les devants, l'homme la suivant, peu rassurée sur le sort qui attendait sa femme.
_"Comment vous vous appelez ?" demanda-t-elle froidement.
_"Willy."
_"Bienvenue Willy."
La petite femme ouvrit la porte de l'antichambre sombre, laissant la lumière aveugler le nouveau venu.

_"On a un nouveau cas de morsure. Apparemment sévère. Le mari nous a indiqué que cela datait d'environ 6 heures." proclama un homme autant à l'étroit dans sa blouse blanche que dans la petite salle attenante à la cathédrale.
_"Parfait !"
Tandis que l'homme de main déposait la femme sur une table de fer, le scientifique s'approcha du corps tremblant.
_"Forte fièvre qui laisse présager une atteinte au 3° stade. La morsure devient purulente et..."
_"Très bien" coupa le prêtre."Vous pouvez disposer" dit-il a l'adresse de l'homme à la carrure imposante.
Il ne décrocha pas un mot, pencha juste la tête en signe de respect et s'en alla. Le laborantin attendit qu'il sorte pour reprendre d'un ton monocorde la longue liste des symptômes.
Le prêtre, prêtant une oreille distraite au discours morbide du scientifique, enleva sa tenue noire. Il remonta méthodiquement ses manches et sortit cérémonieusement une seringue d'une trousse de cuir. Il tapota la capsule de verre, sourit et se retourna.
_"Veuillez l'attacher s'il vous plait."
Le scientifique enserra la patiente de sangle inconfortables. Il les serra au maximum malgré les plaintes  mal articulés de la blessée.
_"Très bien. Commençons voulez-vous."
Le prêtre s'approcha d'elle et la piqua sans ménagement. Il n'y eut d'abord aucune réaction. L'homme en blouse blanche fixait à la fois sa montre et la patiente, à l'affut du moindre changement d'état.
Il posa une main sur le front de la jeune femme.
_"La fièvre descend."
Le prêtre garda le silence à cette nouvelle.
_"Je pense qu'elle..." .
Soudain, la jeune femme hurla, surprenant les deux hommes. Elle continua de crier puis arrêta sa litanie infernale aussi rapidement qu'elle l'avait entamée. Elle ne respirait plus.
_"Je pense qu'elle est morte." reprit l'homme de Dieu.
Celui-ci garda sa constance et reprit d'un ton neutre, malgré sa visible déception.
_"Veuillez offrir une sépulture à cette malheureuse et présentez mes condoléances à son mari."
Le scientifique, encore choqué, acquiesça et partit.

_"Encore un échec, n'est-ce pas ?"
Cette voix sortie de nulle part ne surprit aucunement le prêtre.
_"Vous étiez-là."
_"Oui."
D'un coin sombre de la petite pièce, un homme habillé de noir s'approcha de la lampe la plus proche. Les ombres sur son visage lui donnait un air inquiétant et faisait briller son étrange collier.
_"Les tests n'ont pas l'air très concluant."
_"Soit, vous avez effectuez votre part du marché, je dois désormais accomplir la mienne." déclara le prêtre.
_"Quand ?"
_"Ce soir."
L'homme sourit puis disparut de nouveau dans les ténèbres. Alors que le prêtre réfléchissait à ce qui allait se passer, quelqu'un cogna à la porte. Surpris, il se retourna.
_"Meredith ! C'est vous. Vous m'avez fait peur."
_"Désolé mon père, je voulais vous prévenir que nous avons encore des nouveaux venus. Un oncle et sa nièce."
_"Très bien."
Il pensait à ce qu'il devait annoncer à ses ouailles plus tard dans la soirée.
_ "Ils arrivent pile au bon moment."