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Les Egares du Doublon (chap 1)

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daisy-branighan's avatar
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 L'aube éternelle baignait la forêt de ses pâles lueurs. Sur la route aux marquages effacés, frontière grise tressée de blanc, tranchait un phare dans l'obscurité. Ce faisceau de lumière accrochée au guidon de la Harley, fendait les ténèbres comme une épée.

La femme aux commandes de l'engin était poursuivie par un être velu et imposant qui courait pieds nus. Ce monstre aux yeux cruels et stupides rugit de colère, vite distancé par le véhicule. Judith ne l'entendit pas, perdue dans ses pensées. Les arbres étaient identiques à ceux qui bordaient la route de son souvenir mais l'atmosphère y était différente, rendant l'endroit familier et étranger à la fois.

Dans le Doublon, monde où l'aurore et le crépuscule avaient remplacé le jour et la nuit, tout était semblable à la Terre sans vraiment l'être. Aucun astre ne perçait les nuages, seulement déchirés de rubans orange et violet. Voilà l'endroit où les égarés avaient échoués. Elfes, antipodes, crocoeurs, magiciens, ainsi que quelques humains, s'y étaient réunis pour vivre enfin en paix.

« Rappelle-toi... » pensa la jeune femme, en accélérant.

Malgré le fait que Judith soit humaine, elle connaissait l'univers des créatures. À vrai dire, sa vie était déjà marginale dans le monde original. Elle était détective dans les souterrains new-yorkais, le plus grand refuge des créatures. Puis le Sacrifice avait été réalisé et le portail s'était ouvert sur ce reflet altéré. La copie de l'Original était à la fois attrayante et effrayante. Enfin la liberté ! Enfin la possibilité d'aller et venir sans recourir à des subterfuges magiques ! Cependant, le Doublon était obscur et dangereux. Jamais le jour ne se levait sur ces terres. Cette pénombre perpétuelle était devenu le royaume des monstres, ceux-là même qui peuplaient les légendes du Grimoire.

À l'ouverture de la porte, les créatures se divisèrent. Pour certains, il n'y avait aucun doute possible. Tous devaient partir à la conquête de ce monde nouveau car de cette fuite en dépendait leur survie. Les autres, ceux qui se méfiaient de cette terre neuve aux allures hostiles, ne voulait pas s'y enfermer à jamais. Il ne voulait pas fuir, mais il ne voulait pas non plus s'épanouir. Les premiers partirent et le transport de milliers de volontaires s'effectuèrent : ce fut la première vague de l'exode.

Mais comme toujours dans ce genre de conflit, la victoire est sans demi-mesure. Le roi des elfes, qui s'était proclamé dictateur dans l'intérêt de ses sujets, proclama le voyage total et définitif. Pourquoi forcer des personnes à abandonner leur foyer pour s'embarquer vers un univers inconnu ? En vérité, les premiers colons n'étaient pas assez nombreux pour conquérir ces terres. Qui plus est, séparé entre deux mondes, la survie de tous était compromise par le faible taux de natalité et les risques de consanguinité. Ainsi, les résistants furent bâillonnés, enchaînés et traînés jusqu'au portail menant au Doublon. Le voyage n'était plus un exode, mais une déportation. On ne conduisait plus les créatures vers la liberté : on les condamnait au bagne.

Judith était complice par omission des crimes perpétués au nom de la communauté. Elle se sentait criminelle, mais était considérée comme une héroïne de cette sombre page de l'Histoire. Secrètement, elle espérait que chaque personne qu'elle avait laissé spolier de ses biens, de sa vie, lui pardonnerait un jour sa lâcheté.

Suite à la deuxième vague de l'exode, les créatures qui s'étaient mieux cachées pour éviter ce voyage forcé, se pensèrent en sécurité. Ce fut peine perdue. Un puissant magicien créa un sortilège capable de faire voyager toutes les créatures d'un monde à l'autre et ce, sans leurs consentements. Toute magie disparut alors de la surface de la Terre et l'histoire du Doublon débuta sur la violence et la misère.

Judith ne ressassait que les mauvais aspects de cette guerre sans ennemis et aux milliers de victimes. Même si la paix était relative, éclaboussée parfois de la conduite de groupes extrémistes, elle n'en semblait que salie et non ébranlée. Les créatures finirent même par prendre possession de ce monde. Petit à petit, naissait une identité, une citoyenneté du Doublon. Ainsi, ils se battirent en son nom contre les hordes de Dragon qui menaçaient la capitale royale. Beaucoup de récalcitrants finirent par changer d'avis, tandis que l'ennemi avait changé de forme. Son visage aussi s'était modifié, pour revêtir les écailles des léviathans pullulant dans la rivière bordant la cité capitale.

Les créatures transportées contre leur gré changèrent-elles vraiment d'avis ou finirent-elles par se résigner ? Nul ne le sait. Embarqué dans la même galère, il ne leur restait plus qu'à accepter leur destinée.


 Cela vous semble fou ? Attendez de lire la suite...

 "et après la fin du film, qu'est-ce qui se passe ?".

Vous savez, vous regardez un film et vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander "et après, qu'est-ce qui se passe ?". J'ai toujours été curieuse de savoir ce qu'il y avait après le générique. Voilà pourquoi il y autant de choses se passant avant le début de l'action. En parlant de l'intrigue, comment est-elle née ?

Cet univers est sorti de mon esprit après mon opération (la cause de l'interruption de ma participation à deviant art). Bien longtemps après mon rétablissement, l'univers me hantait toujours. Je pense qu'il reflétait mon état d'esprit de l'époque. Mais plus qu'un état d'esprit, j'ai réussi à le faire perdurer et surtout à le faire évoluer.

Ainsi, au fur et à mesure de ma vie, le récit s'est étoffé. J'y ai incrusté d'autres pensées et finalement, cette histoire est devenu une sorte de journal intime déguisé. C'est donc mon projet fleuve, l'univers qui est la toile blanche sur laquelle j'esquisse mes inquiètudes. Cela parlera donc de solitude, de sacrifice, de politique, de folie, de pardon et surtout d'espoir. 

L'espoir d'un monde neuf que l'on apprend non pas à dominer mais tout simplement à aimer. Finalement cette histoire relate mon passage de l'enfance à l'âge adulte. Ceci est mon rite d'initiation, tout autant que mon tatouage. Le voyage continue pour ma part. Le votre ne fait que commencer. 

Pour précision, il y aura 25 chapitres en tout. 

Judith est la protagoniste. Vous verrez qu'il y en a plein. Vous allez en rencontrer un nouveau dans le prochain chapitre. 

Watcher pour suivre ! Le prochain chapitre... Le vendredi 29 ou samedi 30 août !


N'hésitez pas à me faire part de vos avis, conseils et critiques. Je me demande comment mieux présenter... 
© 2014 - 2024 daisy-branighan
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Headmoon's avatar


Camarade d'écriture !

J'espère que ton opération n'a pas été trop dure, ni trop longue à supporter...


Tout comme toi, l'écriture me permet de me libérer (en quelques sortes) des soucis du monde réel, même si du coup, ce sont mes personnages qui en pâtissent à leurs dépends ! ^^


Un thème musical qui pourrait coller avec le début de cette histoire : celui du jeu The Last of Us, notamment la version violon de Taylor Davis.


Je suis curieux de lire la suite et de savoir ce qui va arriver à Judith et à ce monde qui m'a l'air bien sombre, surtout en comparaison des miens ! ^^


Après, au niveau de la forme, je trouve qu'il y a un peu trop d'exposition dès le début. Il faudrait qu'on se sente avant tout plus proche de Judith de par ses actions plus que par l'environnement qui l'entoure. Du moins, au départ. En prenant le temps de la connaître, de l'apprécier, voir de rire en sa compagnie, les moments tragiques de sa vie et du monde qui l'entoure n'en seraient que plus intenses ! (En même temps, je dis ça, mais c'est plus facile à dire qu'à écrire !)

Par exemple, pendant que Judith avance, l'histoire du monde pourrait être racontée par le biais de flashs comprenant de courts dialogues, comme par exemple le roi elfe qui parle à son peuple expliquant la nécessité d'un gouvernement plus « dictatorial ».

Le fait que Judith se sente criminelle pourrait être représentée par un autre flash où celle-ci voit des personnes innocentes se faire agresser sans raison alors qu'elle passe son chemin, la tête baissée.

Le « puissant magicien » qui ouvre un portail : j'aimerai bien en savoir plus, par exemple pourquoi il décide d'ouvrir un portail, qui il est et pourquoi Judith est au courant de son existence alors qu'elle n'est qu'une « simple humaine » ?...

Cela dit, pour finir sur une note plus positive, j'aime beaucoup le dernier paragraphe ! Si tu rajoutais des « ... » à la place d'un simple point, cela rajouterait davantage de fatalité je pense à l'intensité de la scène !


Et enfin, je crois avoir décelé deux petites fautes :

  • Il ne voulait pas fuir, mais il ne voulait pas non plus s'épanouir. (mettre au pluriel, vu que tu parles « des » monstres) (5ème paragraphe)

  • Qui plus est, séparé entre deux mondes, la survie de tous... (mettre un S à séparé, même raison) (6ème paragraphe)


En tout cas, j'attends la suite avec impatience et curiosité !

(M'en vais aller lire le chapitre 2 qui est déjà là d'ailleurs ! ^^)


En espérant que ma modeste contribution t'ait été utile !

A bientôt au chapitre 2 ! ;)

H.